Eugène Diomandé, président du Sewé Sports de San Pedro (D2 ivoirienne), avait été le premier à se présenter à la prochaine élection du président de la Fédération ivoirienne de football (FIF). Il a depuis décidé de rejoindre la candidature de Didier Drogba, et s’en explique.
La date de l’élection à la présidence de la FIF n’est pas encore connue, mais elle devrait avoir lieu avant le 30 juin prochain. Trois candidats sont en lice : Didier Drogba, Sory Diabaté, l’actuel vice-président, et Idriss Diallo, qui occupa ce poste sous Ousseynou Dieng et Jacques Anouma.
Eugène Diomandé, premier candidat à se déclarer, a depuis rejoint l’ancien capitaine des Eléphants. En plus de soutenir la candidature de Drogba à la succession d’Augustin Sidy Diallo, le président du Sewé Sports assure que le football ivoirien a trop souffert d’un manque de vision, une situation que l’élection de l’ex-footballeur changerait selon lui radicalement. Il s’en explique à Jeune Afrique, sans se soucier du politiquement correct.
Jeune Afrique : Pourquoi aviez-vous décidé de vous porter candidat à la présidence de la FIF, en novembre dernier ?
Eugène Diomandé : J’avais décidé d’être candidat car j’estimais être plus légitime que beaucoup d’autres prétendants. Je suis le président d’un club professionnel, qui a été trois fois champion de Côte d’Ivoire, qui a disputé la finale de la Coupe de la CAF en 2014. Aujourd’hui, il est en D2, et j’ai certes vécu en Europe pendant plusieurs mois, mais j’étais très informé de la situation du football dans mon pays.
Ma candidature était réfléchie, pas aventurière. D’autres personnes, comme Sory Diabaté, l’actuel vice-président de la FIF, qui incarne l’actuelle gouvernance de Sidy Diallo, ou Idriss Diallo, qui en a fait partie, briguent le poste. Cela m’a conforté dans mon constat.
Lequel ?
Que depuis trente ans, au moins, c’est la même bande qui s’accapare le football ivoirien. Souvent, leur gestion a été décriée, irrationnelle, alors que le football ivoirien possède de nombreuses richesses, qu’il s’agisse des joueurs ou des entraîneurs. Seulement, faute d’une vision moderne, progressiste, il n’est pas au niveau auquel qu’il devrait être. J’ai été candidat pour dire que le football, dans mon pays, n’appartient pas seulement à certains. Je pense que ma candidature a été perçue comme naturelle et légitime par beaucoup d’Ivoiriens.
Vous avez décidé de la retirer pour rejoindre Didier Drogba. Pourquoi ?
Quand j’ai annoncé ma candidature, Didier n’avait pas officiellement déclaré la sienne. Il y pensait sérieusement. À partir du moment où il s’est engagé officiellement, j’ai revu ma position. Je l’ai rencontré, et nous avons pu nous rendre compte que nous partagions beaucoup de points communs et un même vision des choses.
Didier et moi n’appartenons pas à la bande d’amis que j’ai évoquée, et qui a pris l’habitude de se repasser le pouvoir. C’est pour cela que j’ai eu l’impression, ces dernières années, qu’il s’agissait plus de successions que d’élections à la présidence de la FIF. Avec, comme c’est hélas trop souvent le cas en Afrique, des influences politiques.
Est-ce une allusion au fait que Jacques Anouma et Sidy Diallo sont respectivement perçus comme proches de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara ?
Cela me semble évident. Jacques Anouma a présidé la FIF de 2002 à 2011, quand Laurent Gbagbo était à la tête de l’État. Et depuis le changement de régime, c’est un proche d’Alassane Ouattara, Sidy Diallo, qui est aux commandes. Le football est quelque chose de très important en Côte d’Ivoire. Il n’est donc pas si surprenant que le pouvoir en place préfère voir à la tête de la FIF quelqu’un qui lui est proche. C’est aussi le cas dans d’autre pays.
J’ESTIME QUE LE FOOTBALL LOCAL A ÉTÉ OUBLIÉ, QUE L’ARGENT N’A PAS BIEN ÉTÉ UTILISÉ