Le E-sport ou les jeux vidéo font désormais partie des disciplines sportives pratiquées en République de Guinée. Cette fédération a été créée en 2018 et veut se frayer un chemin un peu partout à travers le pays.
Dans un entretien accordé à Maxisport224, le président de cette nouvelle fédération est revenu sur plusieurs sujets d’actualité. De la création de ladite fédération en passant par ses ambitions, et les difficultés rencontrées, Moussa Camara répond aux questions de notre rédaction.
Voici l’intégralité de l’interview
1- D’où est venue l’idée de la création d’une fédération de E-sport en Guinée ?
L’idée n’est pas venue de nous. On a été poussé par les Français qui évoluent dans le milieu du E-sport. Tout est parti lors de mon voyage en France en 2013 où il était question de faire participer les joueurs guinéens aux compétitions internationales notamment la coupe du monde de E-sport. Mais les organisateurs nous ont fait savoir que si la Guinée voulait participer à une telle compétition, il faut la représentation guinéenne soit en mesure d’avoir un site Web et être une organisation reconnue localement. À mon retour, suis parti au ministère des sports pour voir comment on pouvait bénéficier d’un pouvoir qui va nous permettre d’agir dans ce sens. Après on nous a dit que le ministère accompagne les fédérations et c’est de là qu’est parti cette pensée de fédération. Donc on a fait appel aux autres associations qui font la même chose que nous pour mettre en place notre fédération.
2- Sa nomination à la tête de la fédération
Vous savez que nous sommes à la genèse de notre projet et comme j’étais le devancier et le mieux placé pour pouvoir hisser très haut la Guinée dans ce domaine là, les membres ont décidé de porter leur confiance en ma personne pour diriger la fédération pour un mandat bien déterminé. Il y a quelques semaines j’ai été nommé vice président de la fédération africaine en charge de la zone Ouest. J’ai été vraiment surpris parce que je ne savais pas qu’on nous suivait à ce point.
3- Quelles sont les activités réalisées par la fédération depuis sa mise en place ?
On a mené plusieurs activités. Mais notre premier souci était de permettre à la Guinée d’être reconnue comme membre fondateur de la fédération africaine et que sa position soit une position favorable de sorte que les prises de décisions soient un droit pour les guinéens au sein de l’association. Mais on a commencé à organiser des activités depuis 2008.
Du côté professionnel, c’est en 2013 que nous avons commencé. On avait organisé un tournoi sur quatre (4) mois avec la participation de 256 joueurs et ça nous a permis de placer la Guinée parmi les meilleurs pays exploitants de jeux vidéos sur le continent, derrière l’Algérie et devant le Sénégal. Ceci nous a permis d’être dans le célèbre magazine Forbes. En 2014, 2015 aussi il y a eu des évènements. Après on a organisé une autre activité qui a coïncidé avec la semaine du numérique. On a aussi organisé dans les domiciles parce que c’était un peu compliqué pour nous de mobiliser les fonds pour faire un évènement à grand public. Pour finir la semaine dernière, on a fait une activité sur fond propre. Chaque membre a apporté sa petite contribution. Mais ce qui était formidable c’est qu’on a réussi à faire un tournoi qui a regroupé 64 participants guinéens et étrangers. Même ceux qui étaient à l’étranger ont pu le faire via internet. À l’intérieur du pays aussi on a fait à Fria une fois et on compte le faire dans toutes les 33 préfectures.
4- La fédération est-elle soutenue par des partenaires ?
Notre priorité n’est pas à ce niveau. On veut bien faire les choses. Dans les jours à venir, les compagnies ou les entités qui se transforment en mécènes dans ce domaine là vont se dire attention il y a des choses auxquelles nous devrions porter plus attention. Notre souci c’est de voir comment nos joueurs seront respectés et qu’ils gagnent ce qu’ils méritent. Chez nous même la participation des enfants est accompagnée par une autorisation parentale.
5- la fédération est-elle reconnue par le ministère des sports ?
C’est une très bonne question. Il faut d’abord comprendre que nous sommes dans un domaine transversal entre le ministère des télécommunications, le ministère de la jeunesse et celui des sports, de la culture et du patrimoine historique. Mais pour l’instant nous sommes une fédération. Nous sommes reconnus par la Guinée parce que nous avons tous nos documents du gouvernorat et de l’administration du territoire. Nous attendons maintenant que les ministères nous lèguent une partie de leurs pouvoirs pour que nous puissions entrer en action sur le plan national. Nous avons déjà entamé les démarches et on espère avoir rapidement une autorisation pour faire ce que l’on souhaite.
6- Comment faire rayonner ce sport à l’intérieur du pays ?
Il y a plusieurs manières de le faire. Mais nous, on se base sur la Ludo éducation, c’est-à-dire tout ce qui est ludique pour transmettre de la connaissance. Il y a aussi l’aspect business et celui sportif. Donc ce sont des stratégies sur lesquelles on va se baser pour vulgariser ce sport dans notre pays.
7- les activités en période de crise sanitaire
Bon heureusement pour nous qu’il y a eu cette maladie. Beaucoup ont compris que l’écosystème dans lequel nous évoluons est plus vaste et plus intéressant. Dans notre discipline chacun participe même à distance sans se déplacer à travers l’Internet. Ce qui est aussi intéressant c’est qu’on a signalé depuis que les jeux vidéos étaient importants. Et aujourd’hui les gens utilisent ça pour organiser leurs compétitions. Mais attention ça ne veut dire qu’on ne lutte pas contre la propagation du virus. Je profite de cette occasion pour souhaiter une bonne guérison à tous les malades.
8- Quelles sont les ambitions de la fédération pour les prochaines années ?
Nous avons plusieurs ambitions que ça soit dans la vulgarisation de l’internet et du sport. On veut aller un peu partout en Guinée pour pouvoir booster la capacité des jeunes guinéens.
Entretien réalisé par Yagouba DIALLO